Yoga et Initiation

Lettre n°1

Lettre n°1

aux étudiants

Quel est le destin et l’évolution de l’homme dans l’univers ?

Si l’histoire ne va nulle part et n’a pas de sens, la vie n’a ni but ni signification. Pouvons-nous, de nous seuls, donner un sens à notre destin en l’orientant par nos choix, sans prendre en compte un éventuel dessein de la nature ou de la Providence Divine ?

Le destin et l’évolution de l’homme dans l’univers me paraissent indissolublement liés. Je n’adhère donc pas à la pensée de Raymond Aron qui, dans « Dimensions de la conscience historique », affirme : « Il n’est pas nécessaire qu’une Providence placée au-dessus de la mêlée, oriente l’histoire ». Notre Destin évolutif possède au contraire un sens parce que – précisément – une Providence qu’incarnent les « dieux démiurgiques » de la création universelle se tient au-dessus de la mêlée et oriente l’histoire non seulement de l’humanité (le règne humain), mais encore tous les autres règnes (minéraux, végétaux et animaux).

Il n’y a pas d’histoire sans hommes qui agissent en poursuivant des buts conscients. Pourquoi les hommes éprouveraient-ils le besoin impérieux de s’engager si quelque chose en eux ne transcendait pas leur nature matérielle ? Si je veux que ma vie ait un sens, je dois admettre que l’histoire dans laquelle elle s’inscrit en a un. Ce n’est pas nous, notre seul Moi animal, qui donnons un sens à l’histoire. L’histoire de l’humanité n’est pas celle d’une errance absurde et ce n’est pas l’homme qui lui donne un sens, mais bien les « dieux démiurgiques »(1) qui orientent le sens de cette aventure.

(1) – dieux qui créent les mondes et ses êtres.

Le désordre de l’histoire n’est qu’apparent. Si le destin de l’homme parait absurde, c’est l’ignorance du mental qui le considère comme tel. La diversité des événements particuliers donne au contraire l’impression qu’un ordre, qui échappe à la conscience mentale ignorante, gouverne toute l’histoire de la création. On peut découvrir d’ailleurs l’existence d’une loi générale gouvernant le genre humain. Il faut que l’histoire ait un sens, sinon nous serions obligés d’admettre que notre existence individuelle est absurde.

J’appelle Pouvoir Divin cet Être Suprême qui, à travers ses « dieux démiurgiques », oriente l’histoire non seulement de l’humanité, mais de toutes les humanités de l’ordre universel, car il est évident qu’au regard de l’entendement occulte, notre humanité n’est pas seule au milieu de ce miraculeux firmament.

Le divin se meut dans le champ immense de ce firmament et modifie chaque trame des multiples évolutions existentielles séparément et de nombreuses manières. Je dis cela en paraphrasant un verset du Shvetâsha Tara Upanisha (5 : 3/5) qui précise : « Unique, il préside à toutes les matrices et à toutes les natures ; lui-même est la matrice de tout, il est cela qui fait mûrir la nature de l’être et il donne à tous ceux qui doivent être mûris les résultats de leur développement, il affecte à leurs œuvres toutes leurs qualités ».

Ainsi, toute la tonique du destin de l’humanité est essentiellement une évolution spirituelle, une évolution de la conscience dans la matière dense physique, jusqu’à ce que la forme révèle l’esprit qui demeure au-dedans. Au début, cette signification est cachée par l’involution de l’Esprit, de la Monade, qui est la Divine Réalité personnalisée du Père absolu, dans une inconscience matérielle dense(2).


(2) – La Monade humaine (ou l’âme) est la projection de la Monade divine, elle-même projection parfaite du Père Absolu, en l’être humain, qui l’accompagne durant son pèlerinage terrestre, de vie en vie, pour un jour, peut-être, fusionnée à nouveau avec elle, au terme des initiations prises.


Plus exactement, la Monade a involué l’ombre d’elle-même dans la matière dense et ignorante et l’a fait évoluer successivement dans les règnes d’abord minéraux, puis végétaux et enfin animaux avant d’acquérir par le pouvoir des « dieux démiurges », des « Elohims » de la kabbale juive, le statut humain d’évolution.

C’est pourquoi, plongées dans la matérialité mortelle, les monades humaines (ombres des Monades divines) ne peuvent être transformées par un acte mystérieux de magie créative des « démiurges » en des « esprits perfectionnés ».

Si les Elohims avaient désiré produire des êtres parfaits, ils n’auraient pas plongé les Monades humaines au sein de la matière changeante en les faisant évoluer d’étape en étape par les jalons minéraux, végétaux et animaux ; ils auraient fait des hommes, des créatures directement et originellement parfaites. Mais ce ne fut pas le cas.

Quand les créatures démiurgiques, sous la direction du Fils Créateur Christique, désirent produire des êtres parfaits, ils le font par une création directe et originelle, mais ils n’entreprennent jamais de convertir en une seule étape des créatures matérielles d’origine animale en êtres de perfection.

Les croyances catholiques en la résurrection de la chair, qui imaginent que la mort a une vertu magique de transformation du mortel en immortel, sont des croyances hérétiques fondées sur des superstitions erronées et des fables plaisantes.

La mort ou la désincarnation de l’Ego n’a pas le pouvoir de transformer instantanément la pensée humaine et matérielle en un esprit immortel et perfectionné. Les âmes doivent se spiritualiser au fil des réincarnations pour s’éveiller toujours plus et atteindre, un jour, au stade d’éveil résurrectionnel.

En fait, la carrière résurrectionnelle commence là où finit le destin des êtres mortels réincarnés. Dans la vie incarnée dans les trois mondes inférieurs constitués de matière lourde, les monades humaines sont logées dans des formes de matière qui paraissent complètement inconscientes.

Cette inconscience toute psychique était totale à l’époque Atlantéenne. Avec l’émergence des races aryennes,(3) cette inconscience des monades évolua progressivement sous l’apparence d’une matière mentale vivante dont le processus actuellement est en pleine expansion et est loin d’être achevé.


(3) – La race aryenne n’est pas une distinction entre les diverses couleurs de peau, mais un niveau de développement du corps mental objectif, analytique.


Ce ne sera qu’au cours de la prochaine et sixième grande époque raciale, celle de la sixième race, qui sera unique, que l’on verra globalement l’homme mental évoluer vers la supra-conscience causale, qui correspondra à l’émergence d’une surhumanité spirituelle. Tous les êtres humains ne parviendront pas à obtenir ce statut, seuls s’incarneront dans cette race infiniment plus évoluée les Egos qui, actuellement, engagent leur vie sur le sentier de l’Aspirant et du Discipulat(4) actif.


(4) – Le discipulat représente trois stades distincts, à savoir celui du disciple probationnaire, du disciple appelé, puis accepté et initié.


Dans l’état actuel d’évolution, l’homme mental est entravé par ses défauts raciaux et doit encore évoluer par lui-même pour devenir pleinement conscient sur le plan causal spirituel. D’une façon générale, on peut dire que le jeu évolutif terrestre de la nature, allant du physique dense au causal spirituel, s’effectue selon un double processus :

  • Celui d’un processus externe visible d’évolution physique qui a pour mécanisme la naissance, le développement de la conscience dans la forme triple et la mort.
  • Celui d’un processus interne invisible d’évolution de l’âme qui a pour mécanisme la renaissance ou la désincarnation de l’Ego en des degrés ascendants post-mortem de forme et de conscience.

En soi, le premier processus n’est qu’une évolution cosmique ordinaire qui se prolonge dans l’hérédité des formes raciales périssables ; tandis que le second processus constitue une évolution cosmique extraordinaire qui se prolonge dans l’élaboration causale progressive du corps de résurrection.(5)


(5) – Corps élaboré à partir du corps causal transmuté par le travail intérieur initiatique.


Les renaissances successives dans ce monde et dans l’au-delà sont une condition indispensable à l’immortalité de la monade humaine, à son évolution dans l’existence terrestre. Ces processus de la réincarnation et de la renaissance peuvent être mis en doute par le mental humain, car celui-ci est encore dans l’état d’ignorance matérielle et n’a pas encore été éveillé à la vie spirituelle de l’âme causale. On peut douter que l’homme, par le processus de l’évolution, puisse se transformer en un être supérieur sur l’échelle ascensionnelle.

L’homme mental subjectif, surhumain, ne peut pas apparaitre tant que l’homme psychique ne s’est pas défait de son Esprit Racial, qui le maintient dans l’ignorance de la vérité supramentale en couvrant la monade humaine du voile de l’ignorance psychique.

Pour évoluer de la conscience mentale de la personnalité à la conscience causale de l’âme immortelle, il ne suffit pas seulement d’accepter l’idée de la réincarnation, d’admettre l’existence des sept degrés de la conscience ou d’accepter l’idée de l’éternité de la création. Il faut comprendre qu’en agissant ainsi, le Divin n’a qu’une seule intention : jouir du délice d’exister dans chaque forme de sa manifestation. Le jeu de l’involution et celui de l’évolution existent pour la joie de la création et de la manifestation.

Le destin de l’homme, dans le processus de la réincarnation, n’a pas d’autre but que de procurer de la joie au créateur suprême. La joie est le destin véritable de l’homme au sein de l’univers. La mort elle-même, qui est la face ignorée de la vie, est un facteur de joie et non de tristesse. Elle est un changement qui fait progresser l’être immortel vers une joie toujours plus transcendantale.

Dans son ascension vers l’état éternel, l’Âme connaîtra un certain nombre de changements qui surviendront au sein même de ses structures immortelles. Durant la vie terrestre de la monade humaine, de l’égo humain, la Monade divine l’habite presque comme un corps étranger, comme un envahissement de l’homme par l’esprit effusé du Père Universel.

Quand la monade humaine ou l’âme se stabilisera un instant pour s’unir définitivement à sa Monade divine créatrice, l’Esprit monadique du Père universel deviendra partie intégrante de notre personnalité ressuscitée. C’est ainsi que la monade humaine passera de l’état matériel à l’état spirituel de vie.

Paul fut informé de cet autre Destin éternel qui attend les âmes ressuscitées quand il écrivit dans ses Épitres aux Hébreux (11 :10) « Il (Abraham) attendait la cité aux fondements (éternels) dont Dieu est l’Architecte et le Maçon ».

Les sphères merveilleuses du plan causal sont une partie de l’âme, bien meilleure que la sphère terrestre (Hébreux 11 :16) où les Egos vivent comme en terre étrangère. L’Initié Paul parla de son accession au Troisième Ciel, le plan causal. Les autres cieux par lesquels l’âme passera au cours de son ascension résurrectionnelle sont :

  • Le plan cosmique intuitif ou bouddhique = 4ème
  • Le plan cosmique divin ou atmique = 5ème
  • Le plan cosmique nirvanique ou anapadaka = 6ème
  • Le plan cosmique monadique vierge ou adi = 7ème


Le premier ciel est constitué par le plan astral supérieur et le 2ème ciel par le plan mental objectif. La cosmogonie d’Urantia nomme « vie morontielle », la vie dans les 7 demeures ou les 7 maisons du Père Céleste ou de la Monade divine (fascicule 48). Le destin de l’Homme est de progresser en phase résurrectionnelle et en union avec sa monade divine du 3ème plan céleste au 7ème plan céleste (le plus élevé du Plan Cosmique Physique).

L’évolution spirituelle est le destin d’une monade humaine (Ego) qui, sous la poussée intérieure de la Monade Divine, et avec l’aide de certains Compagnons Célestes, va chercher à s’élever jusqu’au 7ème ciel. Le monde physique n’est que le tremplin par lequel aura lieu le déploiement spirituel de l’âme vers le 7ème ciel ou plan Adi de notre monde. Le mental n’est qu’un moyen terme de la conscience, un état de transition (le 2ème ciel) de la monade humaine vers le plan supra-mental qui est le 3ème ciel.

L’âme de l’homme est le pèlerin qui voyage du 1er ciel au 7ème ciel, du premier monde des maisons (le plan astral) au septième monde des maisons (le plan de Dieu ou plan Adi). Le Shvetashvatara Upanishad (1 : 6) avait connaissance de cette révélation quand il déclare : « L’âme de l’homme, cette voyageuse, erre en ce cycle de Brahman, immense, somme de vies, somme d’états, se pensant différente de l’ordonnateur du voyage, Acceptée par Lui, elle atteint son but d’immortalité ».

Voilà donc le message ou la révélation de l’Evangile : l’accession à ce royaume des cieux. Christ et tous les Maîtres de Sagesse nous apportent la certitude que ce monde, cet univers, n’est pas une masse aveugle et inexorable d’existences phénoménales se débattant de leur mieux dans leur orbite, au long de l’éternité. Le 7ème ciel, le royaume supérieur de Dieu, est cette émergence lumineuse qu’adorèrent nos aïeux aryens.

Le destin de l’homme, c’est cette montée vers la vie divine absolue de notre Plan Cosmique Physique : c’est là le voyage humain, le sacrifice acceptable, l’ascension qui sauve le genre humain des entrailles de la matière lourde. Cela seul justifie le sens de l’histoire humaine. Cette « Montée au Carmel » de Jean de la Croix est la véritable affaire de l’homme dans le monde et la justification de son existence terrestre. C’est dans le Monde de Dieu que l’âme ressuscitée trouvera sa véritable félicité.

Les désordres de l’histoire cesseront pour l’homme quand celui-ci discernera le secret d’un ordre plus parfait que le physique, quand il comprendra que nul n’est enchainé, nul n’est libéré, nul ne cherche la libération, car Dieu est le bien Absolu et Satan n’est que la négation de ce Bien absolu, c’est-à-dire le Bien Relatif de la Matière inconsciente.

Dieu est un être à la fois positif et négatif. Le Dieu négatif, c’est Satan-Maya. Mais Dieu reste une Liberté Parfaite. Le nom même de Dieu est celui que les sages chrétiens donnent à la Transcendance de la vie qui embrasse la totalité cosmique et universelle. La mort et le processus de la réincarnation sont des conventions qu’il s’est lui-même imposées.

Dieu s’est limité dans la multiplication des Egos ou des monades humaines. Sa limitation est l’artifice d’un jeu cosmique dans lequel l’homme-dieu part des niveaux d’existence les plus inférieurs pour atteindre le but d’une existence divine. Donc, accomplir Dieu dans la vie, sur les sept niveaux de conscience, c’est le destin sacré de l’homme.

L’homme dans l’histoire a ainsi une importance considérable, car celle-ci rend possible la transfiguration du monde par une parfaite découverte de soi. Dieu s’est donné un Destin en devenant l’homme, en devenant Forme Matérielle ; il s’est exprimé en manifestant son image dans la substance matérielle et cela à seule fin de jouir de sa propre manifestation sous les aspects d’une conscience relative et phénoménale.

L’homme ne peut connaître le dieu qui est en lui que s’il considère que le Bien et le Mal sont les oppositions à travers lesquelles il resplendit, sans se laisser cependant dominer par elles. Dieu resplendit de façon éclatante, positive, spirituelle à travers le Bien de l’Être de son Esprit ou de son Essence ; il resplendit aussi de façon obscure, négative, à travers le Mal de l’Être dans sa matière ou sa substance.

Mais puisque sa nature primordiale est la transcendance, Il domine les oppositions Bien-Mal, Lumière-Ombre, Dieu-Satan, en tant que Non-Être Absolu, indifférencié, indivisible et inaltérable.

Dans son ascension à la conscience supra-mentale, l’homme découvrira que :

  • Le Bien est la vérité de l’Esprit ; le Mal est le mensonge de la matière.
  • Le Bien est l’ultime réalité de l’existence, une et indivisible ; le Mal est l’irréalité des illusions.
  • Le Bien est ce qui est éternel ; le Mal est l’illusion, l’impermanence des choses.

Le mental objectif de l’homme mortel ne correspond qu’à une logique incomplète de l’intellect ; il faut se méfier de ces distinctions catégoriques ou les laisser carrément de côté, si l’homme ne veut pas s’exposer à l’erreur. Seul un mental spiritualisé par l’illumination peut percevoir l’univers physique comme un rêve sans réalité. Tandis que le mental matériel perçoit la réalité de l’Essence de Dieu comme une idée illusoire et fonctionne sur le témoignage déformé et dégradé des sens.

La pensée matérielle n’est capable que d’acquérir l’ignorance des choses inexistantes et irréelles ; cette connaissance de l’ignorance devient elle-même une sorte d’obscurité et une source d’imperfection.

Cependant, le Bien et le Mal sont nécessaires l’un à l’autre dans l’ascension de l’âme humaine. En vérité, ils existent toujours l’un pour l’autre, comme Satan pour Dieu, l’homme pour l’univers, la matière pour l’Esprit, la Femme-Eve pour l’Homme-Adam.

Dieu, par le processus même de l’involution, est devenu la Nature. La Nature, par le processus de l’évolution, cherche à devenir progressivement Dieu. Le destin de Satan, c’est de redevenir le Dieu qu’il a toujours été. C’est dans l’ignorance que l’homme franchit les portes de la mort. Après avoir de multiples fois franchi la mort, il découvrira enfin que son destin sublime et inévitable, c’est d’apprendre qu’il est Dieu. Il aura alors changé alchimiquement le plomb du mortel en cet or de l’Existence Divine.

Piotr Phénix

La lettre aux étudiants est également disponible en vidéo.

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